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pochettes
enregistrement du concert EDESAC « Fête de la science » – 12/10/07
mixé au studio EDESAC par Romain Bricout
Romain Bricout – synthétiseur
Rémi Lavialle – récepteur radiophonique
[Nathanëlle Raboisson – acousmonium]
Notre interprétation de Spiral s’est dès le départ constituée comme un hommage à son créateur mais aussi comme un véritable dépassement de la partition initiale. Le choix du synthétiseur est premièrement loin d’être anodin, le travail de synthèse sonore faisant directement référence à l’influence considérable qu’a pu exercer l’oeuvre de Karlheinz Stockhausen sur les musiques électroacoustiques et électroniques, que celles-ci soient savantes ou populaires. D’autre part, notre interprétation ne respecte pas stricto-sensu le dispositif originel de l’oeuvre mais en propose une réelle extension. En effet, le travail de synthèse sonore nécessitant le contrôle de nombreux paramètres en temps réel, la présence d’un second musicien s’est vite avérée indispensable à la manipulation du récepteur radiophonique, nous amenant finalement à considérer ce dernier comme un instrument à part entière. De plus, l’emploi du synthétiseur permet des réactions aux événements radiophoniques qui n’étaient pas prévues dans la partition : le son de la radio peut, dans une interaction musicale très poussée, devenir un constituant même du son généré par le synthétiseur, que ce soit de manière brute, par transformations ou encore par hybridations.
Spiral peut être appréhendé comme une allégorie de l’activité artistique, s’arrachant de la pesanteur du réel et de la banalité du sonore quotidien pour tenter d’atteindre une portée réellement symbolique. Nous avons voulu transposer cette dualité dans l’utilisation de certains contrastes sonores, la pureté des réverbérations venant par exemple répondre à certaines saturations génératrices de matériologies pour le moins inattendues. Contrairement à une œuvre de musique écrite traditionnelle, l’exécution de Spiral ne dépend donc pas entièrement d’un plan transcendant au jeu (la partition) qui va organiser le sonore. La partition est bien plus ici un « chemin » qui, plus ou moins large, sert à « encadrer » les musiciens dans leurs réactions aux évènements radiophoniques. Ainsi Spiral se développe non selon un plan transcendant, plan sur lequel seraient déjà fixées les différentes composantes sonores de la pièce et leur évolution dans le temps, mais en un plan d’immanence, en lequel les motifs sonores, les vitesses, les rythmes, naissent des échanges immédiats apparaissant entre les ondes radio et les deux musiciens.
Romain Bricout – Rémi Lavialle
NB : L’interprétation sur acousmonium ne pouvant être restituée, c’est ici un enregistrement bipiste du concert qui vous est proposé (la radio à gauche et le synthétiseur à droite, de manière analogue au placement des musiciens lors du concert). Un léger mixage, en tant que simple opération sur l’équilibre dynamique des instruments, est venu remplacer ce que réalise en temps réel l’interprète de l’acousmonium sur un grand nombre de haut-parleurs. Aussi, nous vous serions extrêmement reconnaissants de nous écouter sur un système audio supérieur aux simples haut-parleurs de votre ordinateur…
Spiral est une pièce de musique intuitive composée en 1968 pour un instrument et un récepteur d’ondes courtes. Cette composition est construite comme une succession d’événements de durées variables, séparés par des pauses. La partition et l’interprétation des différents symboles laissent une liberté relative à l’exécutant et notamment la possibilité de choisir son instrumentarium. L’interprète doit réagir aux évènements sonores diffusés par le récepteur radiophonique selon une série de signes constituant la partition. Il devient alors lui-même un « transistor » (l’expression est de Stockhausen), captant un signal pour le restituer selon ses caractéristiques propres.